Les attentats aux États-Unis
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Le lendemain, l'¨¦ditorial du journal le Monde a tout dit:

Dans ce moment tragique o¨´ les mots paraissent si pauvres pour dire le choc que l'on ressent, la premi¨¨re chose qui vient ¨¤ l'esprit est celle-ci: nous sommes tous Am¨¦ricains. Nous sommes tous New-Yorkais, aussi sûrement que John Kennedy se d¨¦clarait, en 1963 ¨¤ Berlin, Berlinois. Comment ne pas se sentir en effet, comme dans les moments les plus graves de notre histoire, profond¨¦ment solidaires de ce peuple et de ce pays, les États-Unis, dont nous sommes si proches et ¨¤ qui nous devons la libert¨¦, et donc notre solidarit¨¦.

Dans une semaine comme celle-ci, il n'y a pas d'actualit¨¦ française, simplement de l'actualit¨¦ mondiale. Joël Chartreaud est pr¨¦sentateur ¨¤ EuroNews, la plus grande chaîne d'actualit¨¦ en Europe. Il ¨¦tait en direct pendant que les ¨¦v¨¨nements se d¨¦roulaient:

«Oui, donc, en fait on ¨¦tait en direct au d¨¦part pour un accident, enfin, pour une image d'abord qui ¨¦tait celle du premier crash de l'avion sur la tour du World Trade Center et l¨¤, ¨¤ ce moment-l¨¤, on ne savait pas, on pouvait penser que c'¨¦tait un accident a¨¦rien, une catastrophe a¨¦rienne incroyable, mais, bon... Et puis on parlait aussi d'un petit avion qui aurait pu percuter... Alors d¨¦j¨¤, on avait un peu d'indices sur un ¨¦ventuel attentat. Et l¨¤ donc, les t¨¦l¨¦visions, dont EuroNews, ont assist¨¦ en direct au crash et ¨¤ l'explosion spectaculaire du deuxi¨¨me avion sur la tour jumelle. Et puis apr¨¨s, eh bien on a eu les premi¨¨res informations. On pensait ¨¤ un Boeing, tout de suite, c'¨¦tait ¨¦vident que ça pouvait plus ¨ºtre un hasard et que ça devenait tout ¨¤ fait criminel. Apr¨¨s, c'¨¦tait la bousculade. C'¨¦tait une accumulation, c'¨¦tait tellement irr¨¦el que..., bon, ¨¤ la fois les images et les informations qu'on avait, c'est-¨¤-dire apr¨¨s... un incendie au Pentagone, il est presque d¨¦truit, ce serait un avion qui se serait ¨¦cras¨¦ dessus. Bon, c'est inimaginable, donc, c'¨¦tait un sc¨¦nario incroyable, donc l¨¤, il fallait aussi un certain sang froid...»

A partir de ce moment-l¨¤, quelque chose est bris¨¦. Le monde entier s'est fissur¨¦ au moment des ¨¦v¨¨nements qui ont secou¨¦ l'Am¨¦rique:

«Une page est tourn¨¦e, il y a l'avant attentat du World Trade Center et l'apr¨¨s. Effectivement, c'est, comme je disais, c'est inimaginable.»

 D'abord, comme partout dans le monde, il y avait la peur pour les proches:

«Il y a beaucoup de Lyonnais qui vivent ¨¤ New York, je crois. Trois mille Lyonnais vivent ¨¤ New York et, bon, donc, ça avait cr¨¦¨¦ un impact, enfin, sur le plan psychologique une ¨¦motion, l¨¤, dans certains quartiers ¨¤ Lyon ... M¨ºme, il y a un gars qui disait, bon, si on ¨¦tait cibl¨¦s, ce serait plutôt un bâtiment ¨¤ Paris, mais, on sait pas, ma femme est inqui¨¨te, bon, voil¨¤, quoi, c'est... une dimension aussi de peur en voyant la folie destructrice de ces attentats.»

Et puis des r¨¦flexions sombres pour l'avenir. Lionel Schmitt-Zens, lui aussi journaliste ¨¤ EuroNews:

«Je pense que l¨¤, d'apr¨¨s moi, ce que ça va surtout changer, c'est le sens du mot "terrorisme". Jusqu'¨¤ pr¨¦sent, le terrorisme faisait quelques dizaines de victimes ... dans l'esprit des gens c'¨¦tait un ¨¦v¨¨nement qui restait quand m¨ºme relativement circonscrit. L¨¤ maintenant, le terrorisme, c'est devenu quelque chose de digne de cette v¨¦ritable sc¨¨ne de guerre. Hier, les Am¨¦ricains parlaient de Pearl Harbour, mais Pearl Harbour c'¨¦tait quand m¨ºme un ¨¦tat qui attaquait un autre ¨¦tat. L¨¤, on s'est rendu compte que de simples terroristes pouvaient faire des milliers de morts et je pense que l¨¤, on est ¨¤ un tournant dans ce qui va ¨ºtre, peut-¨ºtre, les conflits de demain.»