Jacques Chirac

 

Jacques Chirac, le pr¨¦sident de la R¨¦publique, vient de recevoir une convocation par un juge d'instruction, Eric Halphen, pour t¨¦moigner dans une affaire de soupçon de corruption. Or cette convocation en justice soul¨¨ve une question de fond concernant la Constitution. En effet, selon le principe de la s¨¦paration des pouvoirs en France, le pr¨¦sident serait ind¨¦pendant du pouvoir judiciaire. Cela veut-il dire clairement qu'il n'a pas de responsabilit¨¦ p¨¦nale? C'est tout le probl¨¨me qui se pose actuellement.

Les faits remontent ¨¤ l'ann¨¦e 1991, date ¨¤ laquelle des entreprises ont obtenu des march¨¦s de constructions publiques, pour des ¨¦coles ou des logements sociaux, ¨¤ Paris dont Jacques Chirac, puis Jean Tib¨¦ri, ont ¨¦t¨¦ les maires. En ¨¦change de ces march¨¦s, les entreprises ont dû reverser au parti de Jacques Chirac des sommes importantes pour financer la campagne ¨¦lectorale du RPR. Des r¨¦v¨¦lations ont ¨¦t¨¦ faîtes.

Suspect¨¦ par l'opinion publique, Jacques Chirac a r¨¦pondu d'abord qu'il ignorait le syst¨¨me de financement de son parti.

Convoqu¨¦ r¨¦cemment par le juge, il refuse maintenant de comparaître en invoquant le principe de s¨¦paration des pouvoirs.

On sait que le gouvernement est tenu par le parti socialiste et le premier ministre Lionel Jospin. La garde des sceaux, c'est-¨¤-dire la ministre de la justice, Marylise Lebranchu, est ¨¦galement socialiste. En clair, Chirac n'a rien ¨¤ attendre de ce côt¨¦. Jospin laisse faire la justice, puisqu'elle est ind¨¦pendante...

Il va donc ¨ºtre tr¨¨s int¨¦ressant, dans les semaines ¨¤ venir, de voir comment les choses vont ¨¦voluer.

Bien sûr, les partisans de Jacques Chirac protestent qu'il s'agit d'une maneuvre d¨¦loyale pour d¨¦stabiliser le Pr¨¦sident.

«Non, moi je pense qu'il ne doit pas t¨¦moigner, voil¨¤, parce que... parce qu'il est pr¨¦sident de la R¨¦publique et que je consid¨¨re que les... disons, la justice et la pr¨¦sidence sont s¨¦par¨¦es.» 

Il faut reconnaître qu'il avait, jusqu'¨¤ pr¨¦sent, l'image d'un homme int¨¨gre et la confiance des braves dames.

«Je pense que c'est une manipulation, mais je serais au grand regret de savoir qu'il est coupable de quelque chose. Je serais quand m¨ºme tr¨¨s tr¨¨s tr¨¨s navr¨¦e qu'il soit coupable de quelque chose. Je pense que c'est, quand m¨ºme, un homme qui a ¨¦t¨¦ tout ¨¤ fait correct pendant sa pr¨¦sidence.

Il y a certainement des fautes, comme chacun en a eu, mais je pense qu'il a pas fait pire que les autres et moi, j'ai pas tellement envie qu'on l'ennuie, voil¨¤.»

Jacques Chirac a un certain charisme, c'est vrai. Pourtant, ça ne suffit pas ¨¤ le rendre intouchable. Il serait logique qu'il s'explique, au moins par correction envers ceux qui lui font confiance.

«Oui, j'ai un avis, m¨ºme tr¨¨s pr¨¦cis, c'est-¨¤-dire que, constitutionnellement, il n'a pas ¨¤ se rendre ¨¤ l'invitation du juge, mais, tant qu'il aura pas explicit¨¦ sa position autrement que par des invectives, les gens se poseront des questions.

Il n'y a rien de pire que la suspicion de non innocence, or, actuellement, il y a un certain nombre d'arguments pour qu'on se pose des questions sur ce qui s'est pass¨¦ ¨¤ la mairie de Paris ¨¤ l'¨¦poque. Il serait surprenant qu'il n'ait pas ¨¦t¨¦ au courant, mais quel ¨¦tait son rôle exact, je n'ai aujourd'hui, aucune opinion claire.»

Les gens ne sont pas acharn¨¦s contre lui. Mais, m¨ºme s'il suivent l'affaire de loin,

«Ah oui, j'ai pas lu Lib¨¦* aujourd'hui, ...»

ils ne sont pas pr¨ºts ¨¤ passer l'¨¦ponge** pour autant.

«Mais bien sûr qu'il doit y aller. Il faut dire la v¨¦rit¨¦... Pourquoi? Ben, c'est quand m¨ºme le pr¨¦sident de la R¨¦publique, donc, si il y en a au moins un qui doit ¨ºtre honn¨ºte, au moins lui.»

La d¨¦fense du principe constitutionnel n'est peut-¨ºtre pas la seule cause des r¨¦ticences de Jacques Chirac ¨¤ comparaître. Pourquoi ce refus? Pour comprendre ça, il n'y a pas vraiment besoin d'¨ºtre grand clerc.***

«Ben, parce qu'il a peur, parce qu'il est pas clair, ¨¤ mon avis, hein.»