Le chocolat |
|
Vous avez sûrement
entendu parler du film «Le Chocolat», qui connaît un certain
succ¨¨s sur nos ¨¦crans cette saison. Juliette Binoche a ¨¦t¨¦ nomin¨¦e aux Oscars
comme meilleure actrice pour le rôle principal qu'elle interpr¨¨te.
Il se trouve
que ce film a plus de succ¨¨s ¨¤ l'¨¦tranger qu'en France . C'est tourn¨¦ en
anglais, et, si l'action est situ¨¦e en France, les Français ont du mal ¨¤
reconnaître dans les personnages l'authenticit¨¦ de leur pays.
Pourtant,
c'est un fait que le chocolat b¨¦n¨¦ficie en France d'une grande notori¨¦t¨¦. C'est
un produit tr¨¨s appr¨¦ci¨¦. Les vrais connaisseurs savent bien diff¨¦rencier les
diff¨¦rentes qualit¨¦s de ce produit.
Historiquement,
on admet que c'est Anne d'Autriche, ¨¦pouse de Louis XIII, qui
introduisit le chocolat ¨¤ la cour de France, au dix-septi¨¨me si¨¨cle, apr¨¨s la
d¨¦couverte de l'Am¨¦rique et des populations mayas et azt¨¨ques par les
Espagnols. Chez les Mayas et chez les Azt¨¨ques, les f¨¨ves de cacao ¨¦taient des
produits pr¨¦cieux, mais consomm¨¦s ¨¤ l'¨¦tat brut. Depuis, on a appris ¨¤ les
travailler.
|
Noël S¨¨ve |
A Lyon, un
chocolatier du nom de Bernachon s'est rendu c¨¦l¨¨bre il y a vingt
ans. Depuis sa r¨¦putation n'a jamais failli. Un laboratoire de fabrication
emploie une ¨¦quipe active. Noël S¨¨ve, en est le maître chocolatier.
«En tout
et pour tout, entre le magasin, pâtisserie, on tourne ¨¤ cinquante.»
La maison
Bernachon doit surtout sa notori¨¦t¨¦ au choix des f¨¨ves de cacao qu'elle
utilise. La meilleur qualit¨¦ vient d'Am¨¦rique du sud, sans conteste.
«Je vous
dis, c'est le V¨¦n¨¦zu¨¦la , ah oui, tout ce qui vient du V¨¦n¨¦zu¨¦la, qui touche au
V¨¦n¨¦zu¨¦la, donc, je vous dis bien, c'est une question d'orientation, c'est une
question de terroir. C'est amer, ça a du parfum, voil¨¤, c'est un parfum, chose
que vous ne trouverez pas dans les grandes surfaces, par exemple, donc, des
chocolats qui sont faits avec des «Côtes d'Ivoire», des trucs comme ça, c'est
une notori¨¦t¨¦ bien ¨¤ part, c'est un goût sp¨¦cial, et donc, ça sort de
l'ordinaire, donc les gens recherchent ça, voil¨¤.»
Cette qualit¨¦
de haut niveau reste dans le cadre de l'artisanat.
«C'est des
petites contr¨¦es, donc, par exemple, de Chuao, il n'y a pas beaucoup... donc
les industriels ne peuvent pas se permettre d'acheter cette f¨¨ve parce qu'ils
en n'ont pas assez ... les industriels, ils aiment mieux prendre des f¨¨ves de
cacao de Côte d'Ivoire qui sont tr¨¨s neutres, qui n'ont pas de goût, pour ainsi
dire, et c'est pour ça que nous, nous travaillons avec les f¨¨ves de cacao qui
ont une notori¨¦t¨¦, donc, sans pr¨¦c¨¦dent.»
Certes, la
route est longue mais on y arrive.
«Et pour
les f¨¨ves de cacao, nous avons un courtier qui s'occupe des f¨¨ves, parce que
nous n'allons pas ¨¤ chaque fois en Am¨¦rique du sud, hein, c'est donc un
courtier, et les f¨¨ves arrivent ¨¤ Bordeaux, le courtier est ¨¤ Bordeaux, et de
Bordeaux, ils nous font livrer, ils nous font..., ils nous am¨¨nent les f¨¨ves
par un transporteur qui se trouve en p¨¦riph¨¦rie de Lyon et qui vient, avec un
petit camion de messagerie nous livrer. On est ¨¤ peu pr¨¨s livr¨¦s trois fois
dans l'ann¨¦e.»
Les f¨¨ves de
cacao sont trait¨¦es en plusieurs ¨¦tapes pour produire la substance chocolat¨¦e
que Noël S¨¨ve appelle «la couverture», c'est-¨¤ dire la base de pr¨¦paration des
diff¨¦rents types de chocolats.
«Donc,
la f¨¨ve de cacao, donc, elle est cribl¨¦e, pour enlever toutes les impuret¨¦s,
pour enlever les coquilles qui sont... qui ont ¨¦t¨¦ cass¨¦es, par exemple...
Apr¨¨s le
criblage, c'est la torr¨¦faction... alors la torr¨¦faction, c'est tr¨¨s... ça se
torr¨¦fie ¨¤ peu pr¨¨s ¨¤ 160-170 degr¨¦s, hein, environ 20 ¨¤ 25 minutes, parce que
chaque sorte de f¨¨ve n'a pas la m¨ºme grosseur, donc on peut pas dire "il
faut tant de minutes pour torr¨¦fier celle-ci, tant de minutes pour torr¨¦fier
l'autre...", parce que c'est jamais pareil, hein, il y a des petites, il y
a des grosses...
On fait plusieurs
sortes de couvertures, on augmente les pourcentages en cacao, parce que la
couverture normale, celle qu'on utilise le plus, c'est une couverture qui a 55%
de f¨¨ves de cacao et 45% de sucre, d'accord? Apr¨¨s, on fait une couverture
am¨¨re..., une couverture am¨¨re, donc, on augmente la f¨¨ve de cacao. la
couverture am¨¨re, elle aura 65% de f¨¨ves et 35% de sucre. Apr¨¨s, on fait une
couverture am¨¨re, super am¨¨re, 75% de f¨¨ves. C'est celle qui a le plus... qui
renferme le plus de f¨¨ves de cacao, voil¨¤.
Nous
faisons une couverture ¨¤ l'orange. On y ajoute, donc, des oranges que l'on fait
nous-m¨ºmes confire, apr¨¨s, c'est s¨¦ch¨¦, bien sûr. On broie avec la couverture.»
On fait aussi
une association plus exotique:
«...piment¨¦e,
¨¤ la cannelle, par exemple. C'est un piment, la cannelle.»
Noël n'ayant
pas vu le film Le Chocolat qui motive notre curiosit¨¦, nous lui avons demand¨¦
si les vertus du chocolat piment¨¦, dont il est question dans le film, sont ¨¤
son avis v¨¦ridiques.
Et...
.«..aphrodisiaque,
oui, c'est vrai, c'est vrai... mais il faut quand m¨ºme en manger pas mal,
quoi...»