La saison de la chasse commence

«Le bonheur de la chasse, c'est dire combien nous sommes contents quand nous sommes à la chasse. Nous avons tous, et vous y compris, beaucoup de soucis dans notre vie professionnelle, beaucoup de soucis pour certains dans leur vie familiale, et je vous assure que quand nous sommes à la chasse, nous faisons vraiment le vide. Et vous entendez beaucoup de gens qui disent 'je suis parti en vacances et j'ai au moins réussi à faire le vide', eh bien nous, nous avons une chance extraordinaire, c'est que nous faisons le vide chaque fois que nous partons à la chasse.»

La saison de la chasse vient de commencer.  Et pour les passionnés comme Monsieur Maurice Duperray, président de la fédération départementale des chasseurs du Rhône, l'impatience pour le signe du départ est évidente:

«Cette chasse 2001-2002, elle s'ouvre devant nous sous des très bons auspices, pour la bonne raison que l'espèce, un peu reine, du petit gibier dans notre département, à savoir le lièvre, est en très grande progression et ça, c'est une très grande satisfaction...»

Et l'impatience des chasseurs a été la cause de grands conflits cette année. L'Union Européenne a demandé à l'Etat Français de repousser la date de l'ouverture de la saison de chasse pour les gibiers d'eau, histoire de protéger la population des oiseaux migrateurs. Les pouvoirs régionaux, très conscients de l'impact électoral de un million et demi de chasseurs en France, ont essayé de contourner les ordres de l'état.  On a vu des chasses 'sauvages' défier la loi. Pour M. Duperray le problème est le manque de clarté chez les autorités:

«Pourquoi ces conflits? Parce que, si vous voulez, il y a une directive européenne qui est de 1979 et qui s'applique particulièrement en ce moment qui est très floue qui, contrairement à ce que beaucoup laissent croire, ne précise pas de dates en ce qui concerne les ouvertures et les fermetures.»

On a même vu un massacre d'une centaine d'espèces protégées: des hérons cendrés, des ibis, des aigrettes ...  Une protestation extrême ou une mise en scène provocatrice? M. Duperray a des doutes:  

«Encore faut-il nous prouver que ce sont des chasseurs. Moi, je crois très peu que nous ayons affaire à des chasseurs pour la bonne raison que ils ont utilisé des balles et si ça avait été des chasseurs, je pense que pour tuer les espèces qu'ils ont tuées, ils auraient utilisé des plombs. Il n'en reste pas moins vrai que ces actes sont lamentables et qu'ils ne devraient jamais se produire... Si ce sont des chasseurs, pour éviter que ça se reproduise, il faut peut-être leur retirer leur permis de chasser. Si c'est d'autres personnes, je laisse le monde de la justice se prononcer là-dessus.»

Pour lui, les écologistes et les chasseurs ont intérêt a travailler ensemble pour protéger l'environnement.  Et s' il y a des conflits, c'est «de bonne guerre»*.

«Les écologistes nous embêtent de temps en temps, mais c'est entre guillemets le mot «embêtent» parce que je pense que, eux aussi, ils défendent des convictions. Nous en rencontrons fréquemment. Nous travaillons avec certains. Nous aimerions, mais je crois que c'est un voeu pieux**, nous aimerions travailler avec tous.

«Le fait de tuer un animal n'est jamais un plaisir même pour un chasseur. Il fait partie de l'acte de chasse. ... Mais le vrai chasseur, il laisse toujours une chance extraordinaire au gibier.»

Un esprit d'ambiguïté qui est partagé par Madame Corinne Dupire, déléguée de l'Association de la Chasse au Féminin:

«Il y a toujours un petit peu de tristesse lorsque l'on voit un animal à terre. C'est un mélange de beaucoup de joie à la fois et un petit peu de tristesse parce que le but final de la chasse c'est quand même la mort et je pense que aucun chasseur ne reste complètement insensible à ça. Moi j'ai même vu par exemple des hommes verser une petite larme notamment lorsqu'ils avaient tué leur premier sanglier... mais il y aussi toutes l'émotion et les sensations qu'on peut ressentir avant et je pense que ça passe par dessus tout.»

De plus en plus, les femmes participent à des parties de chasse: 

«C'est le fait de pouvoir chasser déjà avec son chien. J'ai découvert cela et je trouve assez fantastique de pouvoir suivre son chien dans une quête sur un gibier...

«Il y a toute la convivialité de la chasse, de pouvoir être avec d'autres personnes et de partager vraiment une passion commune et de pouvoir la transmettre aussi à d'autres personnes, notamment à des enfants, parce que eux, ils sont tout neufs d'expérience et ils ont une telle envie de connaître ce milieu-là que, vraiment, on ne peut pas faire autrement que de leur donner de l'enseignement par rapport à ce monde.

«Je pense que les choses ont quand même pas mal évolué. Maintenant les hommes ont envie de faire partager leur passion à leur femme et beaucoup d'hommes demandent volontiers à leur femme de les accompagner.»

Et c'est la tradition, avec un rêve du passé ...

«Tout petits, nous sommes allés à la chasse avec nos parents. En règle générale, c'est ça, le chasseur, il commence avec son père et il suit son père et je crois que pour beaucoup d'enfant, le père c'est le dieu quelque part et on essaye de l'imiter...»