Johnny fête ses
soixante ans |
|
«Parce que c'est une bête de
scène. C'est un pro.»
Le chanteur Johnny Hallyday fête ses soixante ans cette année. Et à l'âge où
beaucoup de gens prennent leur retraite, sa capacité à attirer des foules
d'admirateurs reste constante. Une tournée nationale est organisée et dans
toutes les villes où il va passer les salles affichent déjà complet.
Unique en son genre, Johnny a commencé à l'âge de 16 ans au début des années
soixante. C'est la chanson Souvenirs Souvenirs qui marque véritablement le
début de sa carrière. A partir de là, il n'arrêtera pas de déchaîner les foules
qui se pressent à ses spectacles.
Après les années Twist, viennent les années Rock et la reprise en français des
succès des grandes vedettes du rock américain, Hendrix, Presley.
Quel est son statut aujourd'hui au
panthéon des étoiles francophones? C'est un peu comme si Elvis était toujours
vivant...
«Pourquoi il a du succès, ben, je sais pas… parce qu'il était l'un des
pionniers dans les années 60 sur le rock chanté en français en fait, on dira.»
Sa vie d'artiste, trépidante, s'accompagne naturellement d'une vie sentimentale
mouvementée. Il se sépare successivement de ses femmes, Sylvie Vartan,
chanteuse, Nathalie Baye, actrice.
«On le connaît bien quand même parce qu'il a une vie dans les journaux…
enfin, qui s'étale pas mal dans les journaux, que ce soit ses différents
mariages ou même ses vacances à Saint-Tropez ou ses petits extra avec, je sais
pas, la cigarette, la drogue, des choses comme ça. Si, je pense qu'on le
connaît, enfin, sa vie publique est quand même pas mal décortiquée dans les
médias. »
Mais ça ne le sépare pas de ses fans, qui le suivent fidèlement de génération
en génération. Ainsi s'élargit son public. En 2000, il réunit 400 000
spectateurs au pied de la Tour Eiffel à l'occasion d'un concert.
«Pourquoi est-ce qu'il a autant de réussite ? Ben, parce qu'il a un certain
charisme, et puis je pense qu'il est sincère dans ce qu'il fait, donc les gens
apprécient la sincérité sur le long terme, voilà, je pense.»
«Ah, j'aime bien Johnny, là… a que… a que Johnny*
! Oui, très bien, très bon chanteur. Ben, il a quarante ans de carrière, en
France, il est super, quoi, voilà. Ben, les chansons, il y en a… y en a,
houla!»
«Oui, j'adore Johnny, oui. Pour son style, et puis voilà!»
Cette fan l'a vu en concert plusieurs
fois...
«Oui, bien sûr ! Il est sublime,
voilà. C'est le délire. On a envie de chanter avec lui. On a envie d'être
dans son délire.»
Et quand on lui demande quelles sont ses
chansons préférées:
«Toutes, surtout la période Goldman et
Michel Berger, voilà.»
«Pour moi la vie va commencer, en revenant dans ce pays, là où le soleil et
le vent, là où mes amis, mes parents avaient gardé mon cœur d'enfant.»
Et en effet, il aime travailler avec d'autres musiciens, et des paroliers.
C'est Jean-Jacques Goldman qui a écrit pour lui «Je te promets». Et puis il a
beaucoup d'autres paroliers, qui ne sont pas du goût de tout le monde. On met
parfois en cause la qualité des textes.
«Johnny Hallyday ? C’est un
cave* !»
«C’est pas vrai!»
«Oh ben parce que les textes, notamment, de ses chansons ne sont pas très
élaborés, à mon sens, donc c'est pas le style de musique que j'écoute. C'est
trop variété, enfin, c'est trop simplet au niveau des textes. Essentiellement
pour ça.»
Johnny est là pour les gens qui cherchent la passion pure et simple. Pour la
chanson française plus élaborée, il faut chercher ailleurs...
«Soit dans la vieille génération Brassens ou Brel, ou des… Jean Ferrat, des
choses comme ça, et puis dans la nouvelle génération, des gens comme Thomas
Fersen ou les Têtes Raides, enfin, bon, des… dans le style un peu plus rock,
Noir Désir. Donc, une autre façon de faire de la musique, on va dire. Disons,
souvent des auteurs compositeurs, alors que Johnny Hallyday, c'est un
interprète des chansons des autres. Et je pense que les gens qui lui proposent
des textes ou des musiques, bon, ne se cassent* pas beaucoup…
enfin, cherchent à faire des choses populaires, mais pas des choses très
intellectuelles, on va dire.»
La tournée prévue pour la 60 ans de Johnny a déclanché une polémique dans les
municipalités : étant donné le coût énorme des spectacles déplaçant deux-cents
personnes dans 40 camions semi-remorques, les organisateurs ont demandé aux
villes de les subventionner, chose que la plupart ont accepté, pour offrir à
leurs électeurs un grand artiste populaire à petit prix. Mais les maires, de
Lyon, de Bordeaux et d'ailleurs, qui ont accepté se sont heurtés à de vives
protestations de la part de leurs opposants. On subventionne d'ordinaire plus
facilement l'opéra que des concerts de variété… La polémique reste ouverte,
même si ce n'est pas à prendre au tragique.
«Ben oui, c'est un scandale, quoi ! Scandaleux!»
Après tout…
«…il est là depuis tellement longtemps
que ça fait partie du patrimoine, on va dire, de la chanson française.»