Le Puy du
Fou
«On vient parce que, tout d'abord,
on aime notre pays et puis on aime retracer l'histoire qu'il y a eu
auparavant.»
«L¨¤, il y a pas de paysans, il y a
pas d'ouvriers, il y a pas de cadres, il y a pas de chefs d'entreprise, on est
tous les m¨ºmes, voil¨¤. On se tutoie tous, on est tous des copains, un point
c'est tout... ça c'est une bonne chose!»
«Eh bien parce qu'on a donn¨¦ du
beau, c'est tout! Du beau et de l'¨¦motion, et quand l'¨¦motion passe, eh bien
voil¨¤, c'est gagn¨¦. Je pense que les gens qui ont vu le spectacle sont ¨¦mus.
Tout le monde dit: «Il y a pas de mots pour expliquer le spectacle, il faut le
voir... il faut voir!»
«Le plaisir de faire d¨¦couvrir la
Vend¨¦e ¨¤ des gens qui connaissent pas, se retrouver entre amis, se costumer,
voil¨¤, quoi!»
«Nous on se fait plaisir d¨¦j¨¤,
pour commencer, et puis apr¨¨s, je pense que les gens qui sont venus, eh bien,
ils sont contents, ils ont vu quelque chose de beau, ils ont eu du r¨ºve,
voil¨¤!»
«C'est tout un ensemble, c'est
d'abord une ambiance d¨¦j¨¤ entre les
Puyfolais*. Il y a un esprit... Pour moi, au Puy du Fou c'est un autre
monde. On rentre dans quelque chose, tout le monde se dit bonjour, on s'appelle
par son pr¨¦nom, et puis il y a plein de choses comme ça qui font que, eh bien
on a envie de venir participer.»
On les appelle
les Puyfolais. Ils d¨¦gagent un bonheur contagieux. Et ils sont au coeur de l'
histoire d'une r¨¦ussite dont la taille est ¨¦poustouflante.
En 1978,
quelques centaines de paysans vivant autour du Puy du Fou, un château en ruines
dans l'ouest de la France, ont d¨¦cid¨¦ de monter un spectacle racontant
l'histoire de leur r¨¦gion: la Vend¨¦e. Aujourd'hui, chaque ann¨¦e ...
«... en nombre de visiteurs, il y
a 400 000 spectateurs pour le spectacle de nuit.»
À quoi
attribuer ce ph¨¦nom¨¨ne qui a chang¨¦ un petit coin de la France profonde en
centre d'attraction touristique de renomm¨¦e mondiale? D'abord il faut savoir
qu'aujourd'hui la Cin¨¦sc¨¦nie du Puydu Fou est un spectacle qui n'est pas comme
les autres: une chor¨¦graphie ravissante, des effets sp¨¦ciaux, des hologrammes,
des jeux de lumi¨¨re inattendus et surtout une ¨¦quipe de presque mille acteurs -
tous b¨¦n¨¦voles, et le tout autour d'un château en ruines avec son lac devant
... il y a de quoi bouleverser m¨ºme un voyageur us¨¦ par un exc¨¨s de spectacles
de sons et lumi¨¨res pas toujours tr¨¨s r¨¦ussis.
Le spectacle
raconte l'histoire de la Vend¨¦e ¨¤ travers les âges. Les Vend¨¦ens ont toujours
d¨¦fendu la propri¨¦t¨¦ de la terre et l'¨¦glise. Pendant la r¨¦volution ils ont
prot¨¦g¨¦ les cur¨¦s et les petits nobles qui ¨¦taient leurs maîtres contre les
r¨¦volutionnaires.
Pascaline est
notre guide dans les coulisses du Puy du Fou:
«On est chaque soir de spectacle
800 acteurs sur sc¨¨ne, plus tous les cavaliers ... ça fait beaucoup de monde.
«Les cavaliers ont un rôle majeur
dans le spectacle. Ils font beaucoup de sc¨¨nes avec beaucoup de chevaux,
notamment une des premi¨¨res sc¨¨nes qu'on appelle 'la quintaine'. Chaque soir
chaque cavalier s'occupe de son cheval, le brosse, le selle, etc... et il en
est totalement responsable pour tout le spectacle.
«Actuellement, la cavalerie compte
120 chevaux, donc c'est une tr¨¨s grande ¨¦curie de spectacle.
«Voil¨¤, donc ils ont commenc¨¦ avec
rien, avec seulement quelques chevaux... C'¨¦taient pas forc¨¦ment des cavaliers,
et au fur et ¨¤ mesure des ann¨¦es, ils ont mont¨¦ leur ¨¦cole de cascades, de
dressage, etc... et tout l'hiver, la cavalerie fonctionne grâce ¨¤ l'acad¨¦mie
junior. Il n'y a pas seulement, donc, une ¨¦cole de cavalerie, il y a l'¨¦cole de
couture, de th¨¦âtre, de danse, de jonglerie, etc... enfin, o¨´ tous les
Puyfolais, jeunes et moins jeunes, viennent. Donc, l'association vit beaucoup
¨¦galement l'hiver....»
«Ça va?»
Pas de
difficult¨¦ pour trouver des b¨¦n¨¦voles pour jouer. On a m¨ºme trop de candidats:
«En tout, au Puy du Fou,
actuellement maintenant il y a 2750 b¨¦n¨¦voles. Et puis donc ces personnes
viennent jouer tous les vendredis soirs et samedis soirs durant la saison.»
«Le renouvellement se fait tr¨¨s
bien. Les anciens reviennent souvent. Actuellement, on estime ¨¤ environ 300
personnes qui sont l¨¤ depuis 25 ans, depuis le d¨¦but.
«On a une vie associative tr¨¨s
forte en Vend¨¦e et c'est notre histoire, ça nous touche, ça nous touche
vraiment, sur sc¨¨ne. Sur sc¨¨ne on est des amateurs mais, enfin... il faut jouer
comme des professionnels, en fait, mais ça nous d¨¦range pas. On le fait tr¨¨s
bien, ouais...»
Dans les
coulisses derri¨¨re la sc¨¨ne, il y a des bars gratuits, des jouets pour les
enfants, toute une communaut¨¦ vit autour des spectacles:
«Tout le monde est
d¨¦tendu; ça se passe tr¨¨s bien. On est l¨¤ pour rigoler, on est b¨¦n¨¦voles, on
est l¨¤ pour rigoler, et... ça se passe tr¨¨s, tr¨¨s bien, oui. Avant, donc avant
le spectacle, on se retrouve au bar, on fait des jeux, on joue au palet....
donc, le palet, je sais pas si vous connaissez? C'est un jeu, un jeu
vend¨¦en.... Voil¨¤, en fait, un palet, une petite rondelle de... enfin... l¨¤, en
bois. Une petite rondelle en bois, et, donc, on doit la lancer. Logiquement, on
doit la lancer sur une planche, mais l¨¤ on la lance dans un sabot, voil¨¤, on
reste dans l'¨¦poque... »
Il y a tous
les âges, et des gens qui passent leur vie comme puyfolais. Quant aux enfants,
le plus jeune des enfants n'a que deux ans,
«Ils adorent ça. La magie du Puy
du Fou, c'est que c'est le soir, dans le noir, et en plus ils sont d¨¦guis¨¦s,
donc, pour eux c'est un havre de libert¨¦. Dans le noir, sans parents et
d¨¦guis¨¦s. Je leur ai toujours demand¨¦ ce ¨¤ quoi ils pensaient pendant la
guerre quand on est allong¨¦s par terre pendant 5 ou 10 minutes, mais non, ils
sont incapables de me dire. Ils sont incapables de me dire ce ¨¤ quoi ils
pensent, et par contre ils r¨ºvent devant les chevaux, les cavaliers, et les
danseuses, les bleus**... C'est un monde de magie.»
«Pour certains c'est des
r¨¦v¨¦lateurs, c'est sûr; ça leur a permis de... pour les cavaliers, ça leur a
permis de monter un cheval dans des conditions extraordinaires, qu'ils auraient
jamais connues ailleurs. Pour les ¨¦coles aussi, les acad¨¦mies qui tournent
toute l'ann¨¦e et qui permettent ¨¤ des enfants de faire des costumes, de faire
de l'enluminure, de faire... de la couture, oui, la danse, le th¨¦âtre. Tout ça
ce sont des r¨¦v¨¦lateurs de talents, en fait.»
«Et puis ça nous apprend quand
m¨ºme, quand on est enfant, ¨¤ vivre en groupe, ¨¤ respecter les enfants, les
adultes, les personnes les plus âg¨¦es aussi.»
«Et ce qui est magique aussi,
c'est de faire quelque chose avec les gens, ce qui fait que les ambiances, dans
les cabanes, que ce soient des cabanes d'enfants, d'adultes et tout ça, il y a
des ambiances extraordinaires parce que on fait quelque chose; je crois que
c'est ce qu'il y a de plus important aussi.
«Pour les adultes aussi, c'est
magique. Moi, j'ai 2 m¨¦decins dans mon groupe, 2 femmes m¨¦decins, eh bien c'est
un exutoire: elles viennent ici, et tout est oubli¨¦. C'est rigolo, hein?»
«Moi, ça fait 10 ans!»
«Et puis moi 23, 23 ans. J'ai
commenc¨¦ avec mes enfants, et puis mes enfants, ils ont commenc¨¦ tout petits ¨¤
l'âge de 12 ans. Et un jour ils ont arr¨ºt¨¦, ils ont voulu faire autre chose et
puis maintenant eh bien j'ai mes petits-enfants.»
Le spectacle a
maintenant donn¨¦ naissance ¨¤ un parc d'attractions associ¨¦es. Étienne
Guilmineau travaille dans l'administration commerciale:
«En fait tout est r¨¦investi. C'est
pour ça qu'on a tout le temps des nouveaut¨¦s, c'est pour ça qu'on dure. C'est
parce que le Puy du Fou r¨¦investit tout son argent, au niveau de la cin¨¦sc¨¦nie.
On reverse aussi de l'argent ¨¤ des oeuvres caritatives.
«Dans le parc, il y a 4
attractions majeures, enfin, 4 grands spectacles. Il y a tout d'abord la
bataille du Donjon, c'est un spectacle de chevalerie et de cascades ¨¦questres.
Vous avez aussi, au niveau du fort de l'an 1000, un spectacle sur les Vikings,
sur le th¨¨me de l'invasion des Vikings, un autre spectacle: le spectacle de la
fauconnerie, donc c'est maintenant, actuellement, la plus grande fauconnerie en
Europe, il y a plus de 250 rapaces, 50 esp¨¨ces diff¨¦rentes. Et puis, la
nouveaut¨¦ en 2001, c'¨¦tait le stadium gallo-romain. Donc, imaginez un stadium
de 115 m¨¨tres de long, 80 de large, 6000 places, ¨¤ l'int¨¦rieur une course de
chars comme dans le film Ben Hur, les combats de gladiateurs, les fauves...»
«C'est vrai qu'au niveau de la vie
¨¦conomique, le Puy du Fou est un gros porteur touristique. Il y a 25 ans, les
Épesses, c'¨¦tait un... comme on dit en France, un bled
paum¨¦**. Voil¨¤, il y avait rien, il y avait une boulangerie et puis c'est
tout. Maintenant, il y a des hôtels qui se cr¨¦ent un petit peu partout. Tous
les hôtels autour de la r¨¦gion sont complets chaque soir de spectacle.»
Mais est-ce
qu'il n'y a pas un risque que toute cette gloire - et la commercialisation de
l'¨¦v¨¦nement - gâche l'esprit b¨¦n¨¦vole qui a lanc¨¦ le projet? Pas du tout,
apparemment:
«Et on est tous pay¨¦s le m¨ºme
prix, avec une augmentation de 100% par an. Ah! depuis le d¨¦but, ça fait
beaucoup hein...»
«Ah non, non, si on nous paye, on
s'en va. C'est clair.»
«Ça tue tout l'argent. On est
b¨¦n¨¦voles jusqu'au bout. Il y en a peut-¨ºtre qui resteront, mais moi je suis
sûr que si on me dit 'vous serez pay¨¦s', pffuit... adieu
Berthe, rendez-vous sur les pentes!*** Je m'en vais, ça va casser l'esprit
obligatoirement. ça peut pas marcher. Il y aura toujours de la jalousie... C'est
pas possible.»
«Le but du d¨¦part, c'¨¦tait pas ça,
hein... Donc, il est pas question d'argent. On est l¨¤ pour son plaisir, pour
promouvoir la culture de notre pays et puis, en bien voil¨¤, un point c'est
tout, n'est-ce pas?»
«Tout ¨¤ fait, je suis tout ¨¤ fait
d'accord.»
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