Y a d'la France
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«Ya d'la France», c'est comme ça qu'on prononce famili¨¨rement «il y a de la France». C'est le titre d'un CD de chansons françaises qui vient de sortir. Ce disque comprend 13 chansons qui repr¨¦sentent une bonne s¨¦lection contemporaine. Pierre Bachelet, Yves Duteil, Henri Salvador, Brassens, B¨¦caud, Aznavour, Tr¨¦net, et les autres... sont pr¨¦sents sur ce disque.

L'int¨¦r¨ºt du disque est qu'il est compl¨¦t¨¦ par un livre. On peut les acheter ensemble ou s¨¦par¨¦ment.

Édit¨¦ chez Larousse, le livre est pr¨¦fac¨¦ par Charles Aznavour, lequel ¨¦crit «Il n'y a pas de grande ou de petite chanson, il y a la chanson, un point c'est tout. La chanson, l'enfant la perçoit dans le ventre de sa m¨¨re». Et en effet, ¨¦couter les chansons, lire les textes, c'est une bonne voie pour approcher la langue française comme une langue maternelle. La chanson donne aussi la vie.

Le livre s'appelle comme le disque «Y a d'la France», ce qui, ¨¤ vrai dire, n'est pas une phrase bien construite. Ce titre reprend surtout avec malice celui d'une chanson de Charles Tr¨¦net «Y a d'la joie». C'est un ouvrage plein de qualit¨¦s et d'int¨¦r¨ºts. L'un des int¨¦r¨ºts est d'y trouver les paroles d'une bonne centaine de chansons y compris celles qui sont sur le CD. Mais ce n'est pas tout. L'ouvrage est tr¨¨s document¨¦, pas trop, ce n'est pas un ouvrage savant, mais suffisamment pour nous entraîner dans l'¨¦pop¨¦e de la chanson française.

Largement illustr¨¦s, mais pas trop non plus, de photos de chanteurs, et aussi de paysages, d'affiches, de sc¨¨nes de soci¨¦t¨¦s, de photos de spectacles, les chapitres reprennent les th¨¨mes des chansons. On d¨¦couvre, ou on red¨¦couvre, vraiment la France.

Il y a bien sûr des th¨¨mes romantiques et des chansons d'amour, toujours, mais il y a en plus tout ce qui a ¨¦t¨¦ chant¨¦ dans la vie des Français, par exemple les vacances et les cong¨¦s pay¨¦s:

«Nationale 7, on est heureux nationale 7», la route de Paris vers la côte d'Azur, immortalis¨¦e par Tr¨¦net.

Sans oublier «On prend le caf¨¦ au lait au lit, avec des gâteaux et des croissants chauds, ce que ça peut ¨ºtre bon, nom de nom!»

Il y a de la g¨¦ographie: des chansons sur la Bretagne, les Pyr¨¦n¨¦es, la Corse, la Provence «Et par dessus tout ça, on vous donne en ¨¦trenne l'accent qui se prom¨¨ne et qui n'en finit pas». C'est ainsi que Gilbert B¨¦caud chante Les March¨¦s de Provence et les fait revivre. On a dans cette chanson les saveurs et les senteurs, la richesse des march¨¦s.

Et puis il y a de l'histoire, les ¨¦v¨¨nements politiques ont ¨¦t¨¦ chant¨¦s. Tout est mis en contexte et sommairement mais soigneusement expliqu¨¦.

Et la cuisine enfin: «Pour faire une bonne bouillabaisse, il faut se lever de bon matin, pr¨¦parer le pastis et l'eau fraîche, raconter des blagues avec les mains». Et oui, c'est une chanson fameuse qui vous r¨¦v¨¨le enfin le secret ¨¤ vous qui croyiez que les bonnes recettes se trouvaient dans les bons livres de cuisine. Pas du tout. Les livres de cuisines oublient des ingr¨¦dients essentiels. Comme vous le constatez, il faut boire du pastis en cuisinant la bouillabaisse, comme les gens du midi qui font toujours aussi des gestes avec leur mains quand ils parlent. C'est ça, raconter des blagues avec les mains...

Souvent la musique du refrain de toutes ces chansons est indiqu¨¦e sur une ou deux port¨¦es musicales pour vous permettre de retrouver l'air vous-m¨ºme. Vous trouverez des chansons de films avec leurs paroles et des informations int¨¦ressantes dessus.

Parmi les ph¨¦nom¨¨nes culturels, l'apparition des guinguettes occupe un chapitre d'importance, avec des chansons sur le th¨¨me dont «chez Laurette», de Michel Delpech. Les guinguettes immortalis¨¦es par les peintres impressionnistes, le cin¨¦ma, la litt¨¦rature, Maupassant en t¨ºte, sont des ¨¦tablissements au bord de l'eau o¨´ l'on va le dimanche pour danser, jouer aux boules, se baigner et d¨¦guster des fritures de poissons. On apprend, en outre, dans le livre, que le nom de «guinguette» vient de «guinguet». Le guinguet ¨¦tait un vignoble dans la r¨¦gion de la Marne, pr¨¨s de Paris. Vers 1875, les premi¨¨res guinguettes ¨¦taient moins tax¨¦es que les bistrots parisiens. Pour cette raison, le vin n'¨¦tait pas cher du tout et les Parisiens en profitaient le dimanche.

En France, comme le rappelle Aznavour dans la pr¨¦face du livre, «tout commence et tout finit par des chansons»