Le travail de nuit pour les femmes

 

Le travail de nuit est, si l'on peut dire sans mauvais jeu de mots, ¨¤ l'ordre du jour.

L'assembl¨¦e nationale a vot¨¦ tout r¨¦cemment la lev¨¦e de l'interdiction du travail de nuit des femmes dans l'industrie. Cela ne s'est pas fait facilement. En effet, l'interdiction, qui avait ¨¦t¨¦ obtenue en 1892, ¨¦tait consid¨¦r¨¦e depuis comme un acquis social pour la protection des femmes, pour les m¨¨res de famille particuli¨¨rement. Les femmes en sont toujours conscientes.

Sophie Mandrillon et Agn¨¨s Richard travaillent la nuit ¨¤  "EuroNews", une chaîne d'actualit¨¦ ¨¦mettant 20 heures sur 24. Sans ¨ºtr "industriel", leur travail n'en est pas moins p¨¦nible.

"C'est terrible de travailler la nuit, c'est tr¨¨s fatigant, surtout quand on est avec des enfants et qu'on doit s'adapter, je pense pas que ça soit pour autant un moyen de progresser professionnellement."

 




"Au quotidien, c'est une d¨¦socialisation... perte de sommeil, d¨¦prime, tout, tout, tout qui est chamboul¨¦*, tous les rythmes biologiques qui sont chamboul¨¦s*, la prise de nourriture, toute l'hygi¨¨ne de vie qui ne peut pas ¨ºtre suivie quand on a ces rythmes-l¨¤, ¨¤ mon avis."

 

 

A cet ¨¦gard, la France est une exception dans la Communaut¨¦ europ¨¦enne. Pour cette raison, Bruxelles accuse la France de discrimination envers les femmes. Et m¨ºme plus, si la France ne change pas sa l¨¦gislation en faveur du droit des femmes au travail de nuit, la France devra payer une amende de 950 000 francs par jour ¨¤ compter du d¨¦but 2001

La soci¨¦t¨¦ ¨¦volue et maintenant, de plus en plus, les femmes veulent avoir les m¨ºmes traitements et les m¨ºmes choix que les hommes. C'est en tout cas l'avis de Lionel Schmitt-Zenss,  ¨¦galement journaliste ¨¤ EuroNews:

"Je pense que c'¨¦tait normal qu'on y arrive. Je pense que les femmes se battent pour l'¨¦galit¨¦. L'¨¦galit¨¦, elle passe aussi par ça et je pense qu'¨¤ partir du moment o¨´ il y a une s¨¦gr¨¦gation ¨¤ ce niveau-l¨¤, il va y avoir une s¨¦gr¨¦gation ¨¤ d'autres niveaux, donc m¨ºme si c'est particuli¨¨rement p¨¦nible, je pense que tout le monde ¨¤ ¨¦galit¨¦, c'est mieux aussi bien pour les femmes que pour les hommes.

Le probl¨¨me c'est que si on admet ces sp¨¦cificit¨¦s dans ce domaine-l¨¤, pourquoi on n'en admettrait pas dans d'autres domaines, donc, c'est aussi une mani¨¨re de les prot¨¦ger elles, parce que, on peut dire, si on accepte qu'elles ne travaillent pas la nuit, on va dire, eh bien si elles ne travaillent pas la nuit, alors il y a d'autres choses qu'elles ne peuvent pas faire, donc, apr¨¨s, ¨¤ elles de se battre individuellement mais je pense que, partir de l'¨¦galit¨¦ pour, apr¨¨s, ¨¦ventuellement, obtenir d'autres choses, ça me semble plus logique."

A quoi r¨¦torque Sophie, qui est une ¨¦lue syndicale de la chaîne, en ¨¦largissant le d¨¦bat homme/femme ¨¤ celui des classes sociales:

"Je pense pas pour autant que ce soit une lib¨¦ration sociale et f¨¦minine que de travailler la nuit, surtout avec des bas salaires. Parce que quand on regarde les choses tr¨¨s en face, on s'aperçoit que les gens qui travaillent surtout la nuit, ce sont des gens qui sont dans des usines, qui font une prol¨¦tarisation en somme de leur..., du travail, c'est plutôt la nuit qu'on les voit, c'est pas les gros cadres, c'est pas les gros salaires qui travaillent la nuit. Ce sont les gens qui travaillent dans les grandes surfaces, qui travaillent pour faire du m¨¦nage, donc la lib¨¦ration de la femme pour faire du m¨¦nage ou pour soigner les handicap¨¦s, les vieux dans les hôpitaux la nuit, je trouve pas que ce soit une lib¨¦ration de la femme, c'est un faux d¨¦bat."

Ce qui est ¨¦tonnant dans ce d¨¦bat, c'est qu'on a trouv¨¦, aussi bien ¨¤ gauche qu'¨¤ droite, des gens pour et des gens contre. Ainsi, le groupe communiste est contre, les Verts sont contre, les socialistes sont pour en majorit¨¦ mais pas tous, la droite est contre, mais surtout contre la gauche par principe. Bref, la loi a ¨¦t¨¦ vot¨¦e de justesse.